SPM et Ritalin

On devient une drôle de société.

On parle beaucoup d'intolérance ces temps-ci, l'intolérance raciale étant celle qui est le plus en lumière. Mais je crois qu'on atteint des sommets d'intolérance qui touchent plus que la superficialité ethnique (oui, je trouve ça superficiel, le racisme devrait être "passé date").

Non, ce que je veux pointer, c'est l'intolérance des différences qui commence à nous toucher durement et qui risque d'hypothéquer l'avenir énormément.

Une publicité que je trouve extrêmement drôle, mais malheureusement presque aberrante, est celle où l'on parle de "symptôme extrême" des syndrômes pré-menstruels (appelés SPM dans la publicité) et que ces symptômes "peuvent être traités". Un peu d'historique sur cette publicité. La première fois que je l'ai entendue, il y a peut-être 2 mois, on entendait une voix masculine grave décrire des symptômes de "SPM graves" et "qu'il y a des traitements". J'avais honnêtement l'impression que nous étions retournés dans les années 1950, où des hommes vantaient aux femmes de maison les bienfaits de faire le ménage avec "le nouveau balai Ultra-Georges" (nom fictif). Ces bonnes vieilles publicités, où l'on disait aux femmes où leur place était. Je vous jure, la publicité avait le même ton. Et l'impression que j'en avais était : "les femmes montrent des comportements non-conformes au standard moyen social, alors guérissons-les!" Wow! Apparemment, je ne suis pas le seul qui a eu cette impression, car quelques semaines après le début de la diffusion de cette publicité, la grosse voix masculine a été remplacée par une voix féminine. Avec le même texte. Rien pour changer mon opinion.

Je dérive pour un instant. Il existe présentement une drogue légale qui sert à assomer les enfants qui "montrent des comportements non-conformes au standard moyen social", appelé le Ritalin. De nombreux parents, encouragés par des professeurs, des amis, de la famille, et évidemment des docteurs, droguent leurs enfants pour les calmer, pour réprimer ces comportements qu'ils ont et qui sont "anti-sociaux". Bien oui! Un enfant bouge! Vite, stoppez-le! Mais critiquez-le ensuite s'ils passent sont temps devant les jeux vidéos et qu'il prend du poids!

Je reviens à mon idée d'intolérance. Ces deux exemples démontrent clairement que nous sommes intolérants au point de ne pas vouloir accepter de comportement qui pourrait faire ressortir quelqu'un du groupe. Des comportements qui peuvent déranger la petite tranquilité que nous nous créons autour de nous, avec tous ces gens tranquilles et conformes. Oui, il se peut que certains symptômes des SPM soient critiques et que des traitements puissent soulager certaines femmes. Même chose pour certains enfants, qui ont peut-être des raisons médicales d'être drogués (bien que j'aie de la misère à concevoir ça). Mais la publicité mentionnée ci-haut parlait bel et bien de comportements (en plus de symptômes physiques). Et le Ritalin sert principalement à contrôler le comportement (s'il y a des symptômes physiques guérits ou appaisés par ce médicament, tant mieux, mais on en entend jamais parler). Nous ne voulons pas que les gens se comportent différemment, encore moins de façon "extrême". Et c'est là que le danger nous guette. On devrait faire passer des tests de personnalité aux gens et éliminer ceux qui obtiennent certains résultats. Qu'en pensez-vous? Bien sûr, personne ne veut ça, mais si on commence par calmer les enfants et les femmes, on arrivera un jour à ce point. Alors, avant d'aller chercher où se trouve l'intolérance à grande échelle, on devrait chercher où elle se trouve dans le quotidien. Là on verra jusqu'où on est intolérant.